Thomas Laronce, au près de nous.

Le 4 avril 2025, au lycée Georges Brassens, nous, élèves de 201 avons rencontré Thomas Laronce dans le cadre d’un cours d’EMC, afin d’en apprendre plus sur sa vie quotidienne et sa vie de sportif en tant que personne en situation de handicap. Durant une heure et demi, il a répondu à nos questions.


Thomas Laronce est un para-athlète français de 36 ans, pratiquant le volley assis. Ancien caporal-chef de l’armée de terre et tireur d’élite, il a été victime d’un grave accident de moto en 2013. Après une longue hospitalisation, il est amputé fémoral. Aujourd’hui, à l’armée, il ne peut donc plus être sur le terrain (ce qui lui manque) et travaille dans les bureaux.

Lors de notre échange, Thomas nous a expliqué que l’après accident a été compliqué aussi bien mentalement que physiquement : les douleurs au niveau de sa jambe, une longue hospitalisation, des proches qui ont arrêté de l’appeler… Il a nous dit qu’au moment de l’accident, il était à son apogée dans sa vie et son travail et puis que tout a basculé. Mais grâce à son entourage et son mental, il a réussi à aller de l’avant. Il s’est dit « je ne peux pas abandonner comme ça ». Après son accident, des aménagement ont été nécessaires pour sa vie quotidienne : davantage de place dans son appartement, mettre des pédales adaptées dans sa voiture. Aussi, juste après sont amputation, il a fait des démarches pour un fauteuil roulant, elles ont été abandonnés car il n’aimait pas cela, il trouvait ça pas pratique. Il utilise aujourd’hui une prothèse.

Après avoir pratiqué le basket avant son accident, Thomas commence le volley assis, poussé par un ami. Aujourd’hui, il le pratique en amateur, au poste de centrale. Il a pu participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 et il nous a fait part de ses émotions et de son ressenti : « Incroyable ! Dingue ! Fou ! J’ai tout aimé : l’accueil, le fait d’être chez moi dans le 93. C’est une grande fierté. J’ai touché du doigt le sport professionnel de haut niveau ». Désormais, ses prochains objectifs sont de gagner la Silver Nations League et de décrocher une médaille aux Jeux Paralympiques de Los Angeles en 2028.

Grâce à lui, nous savons maintenant qu’il est important d’avancer malgré des difficultés et qu’avec des efforts, tout est possible. Nous avons trouvé cet échange très enrichissant et fluide. Nous voulons remercier Thomas de sa venue et de nous avoir partagé son aventure et expérience. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite et notamment bonne chance pour les futurs Jeux Paralympiques. Merci pour tout !


Les élèves de 201 (année 2024-2025)

Nous, élèves de Seconde 3 du lycée G. Brassens à Évry-Courcouronnes, avons rencontré l’athlète paralympique Thomas Laronce le 4 avril 2025 afin de lui poser des questions sur son parcours et son expérience en tant que personne en situation de handicap. Thomas Laronce, âgé de 36 ans, est amputé fémoral à la jambe droite des suites d’un grave accident de moto en 2013. Anciennement tireur d’élite et caporal-chef dans l’armée de terre, il est aujourd’hui un athlète de Volley Assis et a été joueur dans le club ASUL de Lyon puis dans celui de Nantes (les Neptunes) en tant qu’attaquant réceptionneur.

Le volley assis lui a permis de sortir de sa convalescence et de reprendre une activité physique adaptée à son handicap, lui permettant de participer à de nombreux challenges sportifs de haut niveau : en 2022, il a participé aux Invictus Games, une compétition multisports pour les soldats vétérans ; il a également réalisé la préparation pour l’ascension du Mont Blanc (4 806 mètres) et, pour finir, a concouru aux Jeux paralympiques de Paris 2024 où il est arrivé 8e avec son équipe.


1) L’accident et la découverte du handicap


2nd 3 : Quelle a été votre première réaction à l’annonce de votre amputation ?
TL : « Lorsque j’ai percuté un arbre en moto, toute la partie droite de mon corps a été touchée. Depuis un peu plus de 10 ans, j’ai été opéré de nombreuses fois, me causant de nombreuses douleurs qui ont été extrêmement insupportables. »

2nd 3 : Comment avez-vous réagi après votre amputation : le choc a-t-il été brutal ou avez-vous rapidement accepté la situation ?
TL : « Le choc n’a pas été brutal car je m’étais préparé à la situation. À vrai dire, j’y avais déjà pensé. Les opérations et la convalescence étant douloureuses (1), j’ai demandé l’amputation. Pour moi cela a été le meilleur choix à ce moment précis. Je ne le regrette pas ! »
(1) : Retrait du genou et artère fémorale qui s’est ouverte (complication).

2nd 3 : Combien de temps êtes-vous resté à l’hôpital, que ce soit pour l’opération et la rééducation ?
TL : « Je suis resté 3 ans et demi à l’hôpital : je suis resté 1 semaine dans le coma, 1 mois en réanimation, les opérations ont duré environ 2 ans avec des douleurs quasi quotidiennes. Pour finir, j’ai passé 1 an en rééducation. »

2nd 3 : Quels sont les proches qui vous ont le plus soutenu dans ce handicap ?
TL : « Les personnes qui m’ont le plus soutenu durant cette épreuve sont ma famille, mes frères de l’armée et ma compagne de l’époque, ils venaient tous très régulièrement me voir à l’hôpital. »

2nd 3 : Que vous a appris cet accident ? Quelle(s) leçon(s) en tirez-vous et que voyez-vous d’un nouvel oeil ?
TL : « Le changement de vie a été énorme. J’ai dû accepter ma situation. Physiquement j’ai changé, ma jambe tout d’abord, puis une grande perte de poids (près de 30 kilos). La rééducation m’a permis d’être fort mentalement en m’apprenant à ne jamais lâcher. Par la suite, et en dehors, accepter le regard des gens, s’adapter à la société et une vision différente de cette dernière et du handicap. »

2nd 3 : Quels conseils pouvez-vous donner à des personnes à la découverte de leur handicap ?
TL : « Je conseille de ne jamais rien lâcher et de toujours chercher un élément, un point positif dans une situation qui n’est pas bonne pour vous. Par exemple, il y avait un homme que je voyais à l’hôpital qui était amputé. Il était drôle, il faisait rire les infirmières et était toujours de bonne humeur, je voulais être comme lui. Penser à ses proches, qui se déplacent et viennent nous voir, c’est important aussi. »

2) La vie quotidienne avec le handicap


2nd 3 : Comment vous êtes-vous adapté (fauteuil, prothèse et adaptations du quotidien) au handicap
? Prothèse en titane.
TL : « J’ai dû réapprendre à marcher avec la prothèse, j’en ai eu plusieurs, la dernière est en titane. La sensation est comme celle de « marcher sur des échasses ». À côté de ça, j’ai reçu une grande aide du personnel médical de l’hôpital dans l’accompagnement, et j’ai pu me confesser à mon psychiatre par rapport à mes difficultés du quotidien. »

2nd 3 : À quels niveaux votre vie a-t-elle changé d’un point de vue professionnel et personnel, si ce n’est pas indiscret ?
TL : « D’un point de vue professionnel, il y a eu une transition de métier. Je ne peux plus exercer sur le terrain. Je travaille cependant toujours pour l’armée, mais dans un travail plus administratif, de bureau au Centre National des Sports de la Défense (CNSD). En parallèle, le sport en tant qu’athlète tient une part de plus en plus présente dans ma vie. Sur le plan personnel, il faut réapprendre à vivre et relationner avec le handicap. Je suis passé par plusieurs phases, j’ai pu faire de nouvelles rencontres. Je suis devenu plus prudent, plus curieux, plus sensible à la sincérité et à l’authenticité. »

2nd 3 : La réintégration à la société a-t-elle été simple ou difficile ?
TL : « Difficile : c’était à moi de m’adapter à la société et pas l’inverse. J’avais comme une sensation de haine au début. Mon handicap peut être invisible et je n’avais pas toujours envie de me justifier en montrant ma prothèse sous mon survêtement ou mon pantalon à la caisse prioritaire par exemple. Les transports en commun restent un endroit difficile et particulièrement le métro parisien. Il y a du handicap qui se rajoute au handicap. Cela est fatiguant, mentalement et physiquement. »

2nd 3 : Les gens vous voient-ils différemment avec le handicap ?
TL : « Oui, plus fort et courageux, en particulier mes proches. Au début, les gens me portaient un regard de peine et de pitié. Je trouvais ça normal. Certaines personnes ont encore des blocages. J’ai appris à me détacher du regard des gens et à me concentrer sur mon entourage. »


2nd 3 : Avez-vous encore des obstacles dans la vie de tous les jours avec votre handicap, si oui lesquels ?
TL : « Les marches sans et avec la prothèse, les transports en commun, la difficulté à rester longtemps debout, les places handicapées trop petites ou des personnes mal garées alors que j’ai besoin d’espace pour ouvrir la portière en grand et monter à l’intérieur ou sortir. »

3) Le sport et le handicap


2nd 3 : Avez-vous joué au volley avant votre accident ? Si oui, après votre accident vous êtes-vous dit que vous deviez arrêter ce sport ?
TL : « J’ai découvert le volley en cinquième au collège, grâce à l’AS (association sportive scolaire) en raison d’une rencontre sportive prévue au Sénégal. J’ai ensuite abandonné ce sport en découvrant le basket. »

2nd 3 : Comment avez-vous découvert le volley assis ? Ce sport vous a-t-il permis de mieux accepter votre handicap ? Pourquoi avoir choisi le volley et pas un autre sport ?
TL : « J’ai commencé le volley assis suite aux conseils d’un de mes amis. C’est grâce à lui et grâce à ce sport que j’ai pu être propulsé en équipe de France ! (1) J’ai pensé au basket fauteuil, mais le prix des équipements était trop élevé. »
(1) : En 2024, c’est la première fois qu’une équipe de France de volley assis participe aux Jeux paralympiques.

2nd 3 : Quelles sont les difficultés du volley assis, au début, en tant que personne en situation de handicap ?
TL : « Le Volley Assis se déroule sur un terrain plus petit et avec un filet plus bas (1,15 m pour les hommes et 1,05 m pour les femmes). Les joueurs se déplacent à l’aide de leurs membres au sol et leurs fesses ne doivent pas quitter le terrain de volley. Ce sport permet la rencontre de deux équipes de 6 joueurs. C’est donc difficile de maîtriser un nouveau sport et son handicap en même temps. Le temps est compté sur le terrain, le placement et la posture sont importants. C’est difficile de jouer avec les bras. »

2nd 3 : Est-il plus facile de performer en volley assis ?
TL : « Oui, d’une certaine façon. C’est une discipline peu développée en France, la concurrence est donc moins importante. En volley, certains s’entraînent depuis l’enfance. »

2nd 3 : Les gens vous voient-ils différemment depuis les paralympiques ?
TL : « Oui, sur le moment, au village, pendant les Jeux, mais pas pour mes proches, même s’ils sont fiers. »

2nd 3 : Cela vous fatigue : les compétitions, les déplacements ?
TL : « Oui, ça me fatigue, pour toutes les raisons évoquées avant, pour l’effort physique, mais c’est ce que j’aime, me fait vibrer. »

2nd 3 : Envisagez-vous de participer aux prochains Jeux Paralympiques ?
TL : « Oui, c’est une expérience que je souhaite absolument refaire, revivre l’ambiance de cet événement m’a procuré beaucoup d’émotions. Nous avons bien été pris en charge, le village paralympique a été fait pour nous. L’ambiance entre joueurs était extrêmement bienveillante et pas compétitive. J’ai pu rencontrer et jouer avec les meilleures équipes de volley assis venant du monde entier telles que l’Iran (1). Ce n’était pas la vraie vie. C’était parfait. À côté, nous préparons les championnats de France. »
(1) : 1988, 1992, 1996, 2000, 2008, 2016 et 2021, la République islamique d’Iran remporte le titre paralympique en volley assis.


La classe de Seconde 3 remercie Thomas Laronce pour son intervention. Nous avons pu, grâce à lui, apprendre de son handicap, de sa vie et découvrir un nouveau sport : le volley assis. Cela a été un plaisir pour nous de l’accueillir et d’écouter son histoire. Nous souhaitons à Thomas Laronce que tous ses projets à venir se réalisent et que tout se passe au mieux dans le futur pour lui. Nous lui souhaitons également de pouvoir revivre cette expérience paralympique lors des Jeux de Los Angeles en 2028 et de remporter avec son équipe la médaille d’or.